Matériel

Pour les enregistrements de chants d’oiseaux, il existe différentes méthodes.
Avant l’apparition des réflecteurs paraboliques, les preneurs de son plaçaient les micros au plus près des postes de chants, sur une branche, dans un buisson ou bien tenaient les micros en main. Les chances de succès étaient faibles et aléatoires. De plus, le matériel était lourd, il fallait dérouler des mètres de câbles.
Dans les années 1950, Stefan Kudelski développe son propre magnétophone portable, Le Nagra, qui révolutionnera la prise de son.


Sur cette page, vous pourrez lire l’évolution du Nagra.

Les premiers modèles de NAGRA I – IIb – II ci étaient à remontage mécanique. (Moteur de phonographe THORENS). Ils étaient alimentés par des piles, (2×67,5 V et 1,5V) du fait de leurs électroniques à tubes.
Le NAGRA III avait lui un moteur électrique et utilisait des piles de 1,5 V (D) du fait de son électronique à transistors. » (merci à René Chuat pour son aide)

Nagra III

Les journalistes radio s’en emparent et très vite le nom de Nagra devient un nom emblématique de la prise de son nomade.

A partir de cette période, les prises de son deviennent plus libres, le magnéto se porte à l’épaule et l’approche des oiseaux s’en trouve facilitée.

Dans les années 1960, une nouvelle technique apparait, la parabole. Évidemment, la parabole ne date pas de cette époque et on peut voir sur ces images l’utilisation qui en était faite par les militaires en temps de guerre. Les soldats se postaient au bord de falaise sur le bord de mer et pouvaient entendre à grande distance l’arrivée des avions ennemis.

Les premiers modèles utilisés pour l’enregistrement des chants d’oiseaux étaient métalliques et d’un diamètre d’environ 70cm. Les plus gros inconvénients étaient le poids et le fait qu’elle entrait en résonance sur certaines fréquences. Jean-Roché, un pionnier de la prise de son nature en avait utilisé une avant de mettre au point son propre modèle.
Il fera fabriquer deux ou trois modèles de dimensions différentes, en fibre de verre avec une poignée de maintien et une fixation de micro.

Parabole type Jean-Roché

Le micro, unidirectionnel est dirigé vers le centre de la parabole.  J’ai longtemps utilisé ce modèle avec un micro Beyer M69 et un Nagra III.
Plus tard, Telinga, une marque suédoise fabrique un nouveau modèle innovant, plus compact, en matière plus souple qui peut se rouler pour le transport.
La grosse différence avec les modèles anciens se trouve dans la conception de la partie micro. Contrairement au principe du micro dirigé vers le centre, Telinga place un bloc micro stéréo omnidirectionnel. Un demi-disque assure la séparation des voies gauche et droite.

Parabole Telinga (source Telinga)

J’avais vu une démonstration de ce modèle lors d’un colloque ornithologique à Dijon dans les années 80. C’est Jean-Roché lui-même qui présentait cette nouvelle parabole.
Dans les années 2000, j’ai finalement craqué, j’en ai acheté une et je ne regrette pas l’achat.
Il y a une dynamique assez incroyable, c’est très directif comme toutes les paraboles et il faut viser exactement le sujet pour obtenir un son optimal. L’environnement est rendu en stéréo et le sujet est parfaitement restitué. Seul bémol, les sons graves ne sont pas amplifiés. Ce n’est pas un défaut de la parabole elle-même mais une limite physique du au diamètre du réflecteur.
Ce modèle est utilisé par de nombreux preneurs de son quand il faut respecter une certaine distance d’approche des oiseaux. Pour l’utilisation, il faut prendre soin de ne pas ajouter des bruits de manipulation, le moindre choc, se transmet au micro. Les articulations des bras ou les bruits intestinaux seront captés de même que le frottement sur les vêtements.
Sur le terrain, si vous avez une route ou un engin bruyant au lointain, déplacez-vous d’un demi-tour pour placer les sources bruyantes dans votre dos.


Une autre méthode  consiste à utiliser un micro canon.

Micro canon (source Video plus)

Moins efficace qu’une parabole mais moins encombrant, il permet de rejeter les sons latéraux et obtenir un bon niveau.

Pour compléter micro canon ou micro parabole, il faut un magnétophone.
Je ne reviens pas sur les matériels analogiques des années 50 à 70 dont j’ai parlé plus haut, ils ne sont plus fabriqués bien qu’ils aient toujours du succès auprès d’inconditionnels. Il est possible d’en trouver sur le marché de l’occasion à des prix abordables.

En numérique, Il y a eu plusieurs type de machine, DAT,  minidisque… qui n’ont duré que quelques années. Maintenant les magnétophones enregistrent sur des supports de type carte SD, ils ont de multiples fonctions logiciels, sont légers, faciles à transporter et à tous les prix.
Dans la gamme des magnétophones de prix abordables, on peux facilement trouver son bonheur chez la marque Zoom ou Tascam par exemple.

Une évolution récente, sans rentrer dans des détails techniques, permet de s’affranchir du réglage de gain. Il s’agit du 32bits flottant. C’est un format d’enregistrement qui permet d’avoir une plage dynamique très grande et ainsi de ne jamais saturer les prises de sons. Une explication ici . On peut trouver cette nouvelle fonction dans les marques Tascam, Zoom, Sound Devices.

Zoom F6
Zoom F6 (image Thomann)

Dans le haut du panier, il y a toujours Nagra, Sound Devices, etc… voir sur ce site marchand

Sound Devices MixPre-3 II (image Thomann)
Nagra Seven

En complément, vous pouvez utilisez un casque de contrôle, fermé ou ouvert. Fermé, il isolera de l’environnement extérieur et vous pourrez vous concentrer sur la prise de son. Il permettra de vérifier le bon niveau de l’enregistrement et de savoir si vous ne rajoutez pas des bruits de manipulation en tenant le micro parabole. L’inconvénient de ce casque fermé, c’est qu’il vous fait perdre la localisation des oiseaux en mouvement.
Le casque ouvert ou semi-ouvert est une bonne alternative et donnera une impression de plus grande liberté.

A suivre…